Tous les observateurs s’accordent sur un même constat alarmant : notre école va mal, l’Éducation Nationale qui était une de nos fiertés ne prépare plus correctement nos jeunes pour l’avenir. L’échec scolaire est devenu un phénomène de société dont les conséquences multiples apparaissent clairement comme redoutables.

L’opinion publique et les parents partagent largement et souvent avec amertume ces constats qui sont malheureusement exacts. De très nombreux ouvrages ont utilement contribué à l’indispensable effort de lucidité sans lequel aucune réforme n’est possible. Cependant, il est maintenant nécessaire de dépasser ce constat afin de ne pas s’enfermer dans une lamentation récurrente et vaine, en recherchant pour chaque niveau des solutions concrètes et efficaces, et il y en a.

Enseignante et partageant largement l’inquiétude suscitée par l’école, je me sens d’autant plus fondée à souligner à quel point, par contre, il me semble injuste de mettre en cause le corps enseignant dont l’ardeur au travail, la loyauté, le dévouement aux élèves sont remarquables et trop souvent méconnus. Cette accusation, la plupart du temps ressentie comme implicite, est non seulement injuste, car les enseignants ne sont pas responsables de cette situation, mais de plus, elle est inefficace car elle dévalorise et donc démobilise par avance ceux par qui, qu’on le veuille ou non, la bataille de l’école sera gagnée ou perdue pour la génération qui vient.

Ce livre d’un professeur des écoles n’a pas la prétention de résoudre tous les problèmes de l’Éducation Nationale même si beaucoup s’accordent à reconnaître que les plus grosses difficultés ont leur origine dans l’enseignement primaire. Si j’ai éprouvé le besoin d’écrire ce livre, c’est d’abord pour sortir d’un débat théorique, préalable nécessaire mais stérile s’il n’aboutit pas à des solutions concrètes. C’est pourquoi il m’a semblé utile de faire partager des solutions pédagogiques que j’ai expérimentées personnellement, qui s’adaptent au monde d’aujourd’hui, tout en instruisant solidement et en cultivant mes élèves.

Si faire de la nouveauté pédagogique pour faire de la nouveauté n’est évidemment pas mon objectif, je ne prône cependant en aucun cas un retour en arrière, un retour aux « bonnes vieilles méthodes » (comme si l’ancienneté conférait automatiquement la qualité). Passer la marche arrière pour avancer sur de longues distances ne me paraît ni souhaitable ni possible : aucun conducteur ne me contredira! L’apprentissage de la communication et donc du français me semble à l’évidence une priorité dans l’enseignement, aujourd’hui plus que jamais. J’ai donc concentré mes efforts tout particulièrement dans le domaine de la grammaire parce que c’est l’outil de base au service du langage et de tous les autres domaines de la connaissance.

En effet, lorsqu’il étudie les éléments qui constituent sa langue quotidienne, l’élève apprend à respecter les normes de cette langue, à organiser son propre discours, à comprendre celui des autres. Cette discipline de pensée va ensuite l’amener à organiser des idées plus développées, puis à enchaîner les idées selon un ordre logique, pour aboutir à la construction d’une pensée cohérente. Par ailleurs, à l’heure de la mondialisation, la maîtrise de langues étrangères n’est plus un atout pour une élite, elle devient indispensable, à tous les niveaux, pour la communication internationale. Or, la maîtrise de la grammaire de sa propre langue va faciliter à l’élève l’accès à une langue étrangère, puisque les termes techniques de la grammaire restent valables – et indispensables – quelle que soit la langue étudiée. Ainsi, contrairement à une idée reçue, l’apprentissage de la grammaire n’est ni passéiste ni limité au seul souci du beau langage. Ce n’est pas ringard... sauf si l’on considère que le SMS est destiné à devenir le seul mode de communication écrit... Forte de toutes ces convictions, j’ai pu faire aboutir mon travail par l’édition de quatre manuels scolaires, dans le domaine de la grammaire, à l’usage des écoliers du primaire pour chacun des niveaux après le Cours Préparatoire.

Mais le livre que vous avez entre les mains n’est pas qu’un catalogue grammatical qui serait destiné aux seuls enseignants ! L’enseignement du français a des prolongements bien plus profonds et il permet d’aborder d’autres sujets sur la scolarité.

Ayant été parent d’élève avant d’être enseignante, je comprends très bien ce que ressentent les parents par rapport à l’institution scolaire. Dans le second chapitre de ce livre, je voudrais éclairer ces parents désorientés, les rassurer, les amener à un partenariat efficace avec les enseignants, pour le bien de tous les enfants.

Depuis que je suis enseignante, j’ai essayé d’analyser le plus objectivement possible les besoins et les attentes des élèves, loin de toute idéologie. J’ai voulu coller au plus près de la psychologie des enfants du XXIe siècle. Grâce à ce livre, j’ai voulu m’adresser aux jeunes élèves, tout comme je m’adresse aux miens, en Auvergne, quotidiennement. Les élèves d’aujourd’hui débordent d’énergie et de questions : le chapitre qui leur est destiné les aidera, je l’espère, à comprendre pourquoi ils apprennent la grammaire à l’école.

Extrait de Mes élèves aiment la grammaire (et ils la savent !)